Voici le résumé du DEA intitulé
WANDERVOGEL, en date de 1993, préparation à
la Thèse de 1997 :
JEUNESSE ET GENESE DU NAZISME
par Georgette MOUTON, Professeur retraité, Docteur en Histoire
WANDERVOGEL Baldur von Schirach, Heinrich Himmler, Walter Darré, sont tous trois des anciens du Wandervogel. La filiation entre la Hitler-Jugend et ce mouvement de jeunesse est indiscutable. Nous avons interviewé en 1998 une belge ex-allemande qui a confirmé que dans son adolescence elle était passée du WV à la HJ en étant persuadée d'une parfaite continuité. Chez les jeunes filles, la HJ gardait un aspect folklorique et sportif innocent. Le scoutisme anglais, malgré les apparences extérieures : la randonnée, la vie spartiate au plein air, a peu de ressemblance avec le Wandervogel. Comparons les principes des 2 mouvements. Les scouts anglais ne proposent ni violence, ni tendance à l'inhumanité, au contraire, comme chacun le sait, la bonne action quotidienne, la B.A fait partie du serment de louveteau, la " promesse ". La voici : Je promets de faire de mon mieux 1°) pour être loyal à Dieu, au Roi, et à la loi de la Meute. 2°) pour rendre un service à quelqu'un chaque jour ( la B.A. )* Cette promesse était à peu près la même en France, sauf la référence au Roi... et pour certains, à Dieu. Plaçons maintenant en regard les slogans du Wandervogel. " Aucun système, aucun règlement, chacun fit ce qui lui plaisait, où et quand celui lui plaisait ". C'était " le combat des Jeunes contre les Vieux ", " la libération des impulsions, sans religion ". Les enfants doivent se libérer des Parents : " On doit briser ces chaînes " et faire de tous les enfants des sauvages. " Le Wandervogel est le plus sauvage ". L'idéal des écoliers voyageurs remontait au Moyen-Age et de là revint à l'époque moderne plein de santé et maître de lui-même... avec un enthousiasme romantique, en peu d'années, il se répandit sur toute l'Allemagne, si bien que par milliers et multiples de milliers, la jeunesse ulcérées par les gens d'âge s'ébroua par les forêts.* Que signifie l'expression : une jeunesse ulcérée par les gens d'âge ? John Toland parlant des début du Wandervogel donne ces précisions intéressantes : " Ces jeunes vagabondaient à la recherche d'un nouveau mode de vie. Venant pour la plupart des classes moyennes aisées, ils méprisaient la société bourgeoise libérale dont ils sortaient, persuadés que [il les cite] « la religion de leurs pères était en grande partie hypocrite, l'économie sans scrupule et trompeuse, l'art sans valeur...» Ils considéraient la vie de famille répressive et hypocrite. Ils s'inquiétaient que les relations entre les sexes, dans le mariage et en dehors du mariage, fussent aussi « empreintes d'hypocrisie ». Ils visaient enfin à instaurer une culture « jeune » destinée à combattre la trinité bourgeoise de l'école, de la famille et de l'Eglise ".** Ce texte résume fort bien les aspirations des adolescents. Or, " un étudiant en droit, Karl Fischer.....groupa en 1901 quelques élèves du gymnase de Steglitz, près de Berlin ". Le bon prétexte fut de décharger les parents des enfants et de fortifier ceux-ci par la vie au plein air . Le but réel , plus ou moins avoué par la suite, dans le livre de Bluher, était de détacher les enfants de l'école, des parents, de la société industrielle, toutes choses contraignantes. Donc de leur enseigner la liberté, ou plutôt trois libertés : la liberté par le refus de l'autorité de l'école la liberté par le refus de l'autorité des parents la liberté par le refus des contraintes du travail utile à la société Nous allons en suivant le livre de Bluher et quelques autres étudier d'abord la liberté ou le refus de l'école et des Maitres. " Cette année 1935 à Nüremberg le mot d'ordre du parti ( nazi ) était : Liberté ". ( Louis Bertrand " Hitler " publié en 1936 ) I L A L I B E R T E (a) Première liberté LA LIBERTE OU LE REFUS DE L'ECOLE ET DES MAITRES " Wild. Frei " écrivait en 1900 selon Guérin * - un Wandervogel sur sa culotte de peau : sauvage et libre. Que signifie cette revendication de liberté ? Le refus. Le refus par une jeunesse exaspérée, furieuse, " ulcérée des gens d'âge ", comme l'a dit Hans Blüher, le refus de tout ce et de tous ceux qui la précèdent. Alors cette jeunesse s'en va : " La jeunesse est partie follement à l'aventure contre la génération de ses pères et de ses éducateurs ". Trop de morale, disaient les enfants, on nous préconise l'exemple des " cives boni ", et on nous reproche d'être " Katilinarisch "* ... Les parents avaient des Lettres, et de solides arguments historiques, mais comment lutteraient-ils contre ces tendances, répandues dans l'Air du Temps ? " L'époque qui fit jaillir le Wandervogel est caractérisée par un combat de la jeunesse contre la vieillesse " ( ou contre les adultes ). " C'est un processus naturel, une régénération, une grande purification de l'âme ". Allez donc vous opposer à un tel idéal. Mieux vaut l'utiliser. C'est ce que fit Karl Fischer à Steglitz. Il eut un trait de génie. Il était interdit alors, aux environs de 1900 aux écoliers d'avoir des association libres ; ils devaient rester totalement rattachés à l'école ; Fischer prononce la déclaration d'indépendance des enfants en créant le Wandervogel parce que la dure discipline de l'école prussienne révolte les jeunes, parce que les parents consentent volontiers à s'en débarraser... Il réussit à populariser les doctrines de Nietzsche et de Langbehn. L'étude ne sert à rien qu'à fournir des esclaves au monde du travail. Les professeurs sont les ennemis des écoliers etc... Nous avons assez entendu ces refrains en Mai 68 et nous en voyons le résultat... Mais passons à la 2ème liberté . " Familles, je vous hais ". ( A. Gide " les Nourritures terrestres " ) " Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin ". ( J. Renard " Poil de Carotte " ) (b) Deuxième liberté LA LIBERTE OU LE REFUS DE LA MORALE ET DES PARENTS Il s'établit le même rapport entre parents et morale qu'entre professeurs et instruction. Voici donc, parallèle, la révolte des adolescents contre la famille et ses principes. Fischer remarque une corrélation entre les suicides d'écoliers et la sévérité paternelle. Réciproquement les parents s'exaspèrent de l'attitude de leurs enfants : " La passion romantique de leurs enfants détruisait ( leur ) joie de vivre ". Alors mieux vaudrait se séparer ! " On doit briser ces chaînes "... " qu'il soit possible de n'avoir point de parents ! " Beaucoup d'enfants seraient plus heureux s'ils étaient élevés par des étrangers qui deviendraient " parents d'élection "* Nous pensons irrésistiblement aux haras d'enfants du Lebensborn dont on connaît l'échec lamentable, qui produisit de pauvres êtres débiles mentaux et physiques** , fils des plus beaux SS ! Nous faisons aussi le rapprochement avec les " amitiés particulières " de Fischer pour qui le Wandervogel est un harem de mignons, et les parents d'affreux gêneurs. Le professeur honoraire d'allemand, lecteur à Cologne en 1910, déjà cité, contait à ce propos : - " Aux réverbères et dans certains édicules publics, on pouvait voir des papillons collés promettant : " Venez avec nous, vous n'aurez pas d'ennuis avec les filles, ni avec leurs parents ". Suivait l'indication d'un lieu de rendez-vous ". A l'époque, en France, rien de tel n'a été signalé : tandis qu'en Allemagne, même les moeurs hétérosexuelles étaient beaucoup plus libres qu'en pays latins. Quant aux amours grecques, elles conviennent à une nation - selon Hölderlin - héritière de l'Hellade. D'ailleurs, elles sont de règle, quasi normales, chez les peuples guerriers - relisez l'Iliade ou l'Enéide. Deux hommes de mon âge, qui, à vingt ans, furent soldats de la Deuxième DB, m'ont raconté, l'un la prise de Monte Cassino, l'autre celle de Strasbourg, contre des régiments de Waffen SS. Dans les valises des ennemis tués, voisinaient le Coran et des dessous de dentelle à taille d'homme. Aucun doute pour eux : les moeurs des SA s'étaient perpétuées chez les SS qu'ils étaient devenus. Nous ajoutons que ces moeurs remontaient au Wandervogel où les SA avaient passé enfance et adolescence. Très probablement Himmler et Hitler étaient parfaitement aux courant. Certes, l'homosexualité de Röhm et de son clan avait servi de prétexte à leur liquidation, mais la bisexualité ne gênait pas le Lebensborn, au contraire il est évident que le Lebensborn s'accommode beaucoup mieux de la bisexualité que de la famille patriarcale et qu'il représente une grande liberté pour les jeunes.* Plusieurs de nos correspondants allemands nous ont confirmé que les moeurs des SA se poursuivaient chez les SS et qu'elles étaient tolérées ; où même parfois bien vues dans les troupes de choc ( Waffen SS ) parce que, comme l'explique Platon dans "le Banquet", l'amour entre deux guerriers les pousse à l'héroïsme par désir d'estime réciproque. Freud approuverait parfaitement cette assertion. " l'amour homosexuel s'accommode beaucoup mieux des liens à la foule " ( page 214 ) ( texte de 1921 ) Freud Psychanalyse ( Essais de ). Quant au Coran, on sait que Himmler, Evola, Hitler en recommandaient la lecture en tant que leçon d'héroïsme. On peut aussi remarquer que les moeurs musulmanes, pour les jeunes gens, ne répugnent pas à l'amour grec, comme Lawrence d'Arabie l'explique. Tout se tient.... Pour en avoir le coeur net, fions-nous à Hans Blüher lui-même : il donne, pour titre du tome III de son ouvrage " Wandervogel ", cette définition très claire : " le mouvement Wandervogel en tant de phénomène érotique . Une contribution à la reconnaissance de l'inversion sexuelle " et plus loin : " les invertis jouèrent donc dans le Wandervogel un rôle non négligeable ".** Fritz Stern confirme en soulignant la ressemblance de Fischer avec Langbehn - son auteur préféré - : " Son exigence de pureté, de pruderie même, mêlée à un fort besoin de compagnonnage masculin, qui, chez le Wandervogel, est passé par toutes les gradations, pour arriver à l'homosexualité ouverte ".*** Laissons ensuite la parole à Blüher en personne : on croirait lire le " Corydon " de Gide dont la première édition, confidentielle, date de 1911 ( la seconde en 1924 ). Blüher publie son livre entre 1912 et 1920. Cela fait partie du " Zeitgeist ". D'abord la pruderie. Les Wandervögel ne vont pas au bal et ne sortent pas avec des fille. Ainsi ils sont éloignés des mariages précoces ou des peines de coeur. Mais suit aussitôt une allusion aux moeurs antiques et Blüher précise " plus on s'écarte des filles, moins on s'écarte des garçons ". Il invoque Freud et préfère employer le terme " Inverti " plutôt qu'homosexuel. Le dévouement des cadres du mouvement ne peut s'expliquer que par cette tendance pédéraste : sinon, personne n'aurait entrepris cette performance pour la jeunesse, en volontaire et sans un Merci ". Ces moeurs ne peuvent être considérées comme anecdotiques. Fondamentalement - qu'elles soient sublimées ou non - elles fournissent, conservées chez les SA puis les SS, une puissante force souterraine au mouvement Wandervogel, puis à la Hitlerjugend. Toute la libido s'élance en faveur du clan, puisqu'elle se détache de la famille et de la femme. Freud en a parlé ; les sociologues américains aussi. Margaret Mead a remarqué que moeurs agressives et pédérastie sont concomitantes de la misogynie chez les peuples primitifs. Nous pouvons aussi prendre à témoin les critiques d'art qui, dès les débuts du nazisme, découvraient chez Arno Breker et d'autres, dans cette exaltation des nus athlétiques masculins, des signes d'inversion sexuelle. Donc, soulignons " Nicht übersehende Rolle "(rôle non négligeable des Pédérastes) des pédérastes. Cependant, malgré leur importance, les moeurs grecques ne sont l'essentiel ni du Wandervogel, ni du nazisme. L'essentiel, c'est la révolte ! La révolte, c'est-à-dire la haine du père d'où découleront la violence, le meurtre. Dans le premier volume de son " Wandervogel ", Blüher intitule son second chapitre : " Die Romantik als Empörer " ( le romantisme en tant que rébellion ). On conteste la morale générale, celle de la famille, de sa religion, de ses coutumes, de ses lois. Tous les écrivains dont nous avons cité les noms, à la suite de Christiane Völpel, comme ennemis de l'école dite prussienne, attaquaient parallèlement la famille, bien entendu baptisée " famille bourgeoise, patriarcale ". En 1896, le jeune Fischer, qui commença les randonnées sous la direction de Hoffmann, a bien assimilé, en tant qu'Oberprimaner,* les leçons des philosophes et de poètes neu-romantik énumérés plus haut, mais surtout il s'inspire de l'essai " Rembrandt als Erzieher "** de Langbehn plus encore que du Zarathoustra de Nietzsche. Fritz Stern cite un critique de 1897 ; " Il y a peu de temps encore, le manuel de philosophie de la jeunesse allemande n'était pas le Zarathoustra mais le Rembrandt ". Et il ajoute que Fischer au cours des randonnées " lisait ( aux Wandervögel ) souvent des passages de Rembrandt... il se sentait plus proche de Langbehn et de Lagarde que de Nietzsche. Dix ans après, Fischer, bien que jeune encore, ( la trentaine en 1906 ) apparaît aux adolescents, dont Blüher, comme " un second père " du style " Jupiter tonnant ", il était roi et seigneur ( Köning und Herr ) . On l'appelle " Führer " et on le salue d'un " Heil ", en 1901-1906. On suit encore le " Rembrandt ". Fritz Stern** explique que Langbehn, un psychopathe raté et aigri, veut " détruire la suprématie de la raison et établir une société vitaliste, populiste et primitiviste ". Il est l'un des premier nationalistes à propager le culte de la jeunesse ". On comprend qu'il plaise à Fischer. Ainsi, sous nos yeux, se dessinent les traits majeurs du nazisme dès la fin du XIXe siècle. Hitler dit lui-même qu'il n'est pas dictateur, qu'il n'impose rien, mais qu'il représente le Volk, et suit ses opinions et ses désirs. C'est vrai ! Non seulement il s'adapte au matériau humain en sa possession, mais surtout lui et les chefs du NSDAP ont été élevés dans la même atmosphère ( Zeitgeist ) que les autres écoliers. Comme ils n'ont pas assez de personnalité pour la critiquer et s'en dégager, ils l'amplifient et la réalisent à la lettre. On comprend alors pourquoi Georg Korth reproche à Fischer et à Blüher d'avoir préparé le nazisme. " La ville est la pourriture du genre humain ". " L'homme est né libre et partout il est dans les fers ". Jean Jacques Rousseau (c)Troisième liberté LA LIBERTE OU LE REFUS DE LA VILLE ET DU TRAVAIL Cette nouvelle morale, que la jeunesse, en 1900, propose à l'Allemagne et au monde entier, n'est pas seulement le refus de l'instruction et de la morale bourgeoise, mais aussi, - peut-être surtout - le refus de la ville et du travail. Le vagabondage semble bien plus agréable que le bureau ou l'usine. Acceptera-t-on alors de dur labeur rural ? " Nicht Bauer " a dit Hermann Hesse. La vocation d'artiste rêveur qui se promène parmi ses profondes pensées convenait à un certain Adolf. La vie de bohème est-elle saine, normale, c'est-à-dire permet-elle de vivre et de se développer, qu'il s'agisse d'un individu ou d'un peuple ?* Dans les années 39, les Français traduiront " bons Aryens " par " bons à rien ". Les historiens confirmeront ce diagnostic. On interprétera le nazisme comme une révolte du " Lumpenproletariat ". ( analyse marxiste en 36 du PCF ) Pourtant, comme on comprend le refus de la ville et du travail aliénant ! Christiane Völpel exprime bien le désir de délivrance : Guérison par la nature de l'âme malade du Moloch des villes. En effet, cette jeunesse désorientée subit le passage d'une économie agraire à une industrialisation accélérée. Tous les sociologues s'accordent à y voir un des facteurs essentiels de la misère, du déracinement, de l'anomie qui précèdent et causent les fascismes. Les progrès de l'hygiène et les vaccins, en sus les lois sociales de Bismarck, lancèrent un bond en avant de natalité. A cause de la division de l'héritage, l'exode rural s'ensuivit ; la main d'oeuvre accourut à la ville, et permit le développement industriel. Pour les couches sociales défavorisées, la promiscuité dans l'anonymat de l'usine bruyante et asphyxiante, s'ajoute à la promiscuité dans l'anonymat de la rue ou de l'immeuble. Le Wandervogel dit Christiane Völpel recrute principalement dans les grandes villes, comme de nos jours l'écologie. Il incarne une sorte de révolte négative, animée par un complexe de thèmes ( "Themencomplex" ) concernant la ville, le bureau, l'usine, l'argent ; l'argent qu'il faut gagner pour se nourrir : la " loi d'airain " de Marx ; tandis qu'en zone rurale, jardinage et petit élevage couvrent 90 % des besoins. Le mouvement de jeunesse est naturiste autant que socialiste. La ville est bien Moloch, la nature purifiera de son contact pollueur. Il s'agit d'ailleurs moins de nourritures terrestres que de nourritures spirituelles : l'esprit est aliéné, abruti par la ville, tourné vers des valeurs fausses : argent et production, au détriment de la vraie vie. La protestation du Wandervogel s'exprime comme " protestation de spiritualité contre des organisations de la vie tout à fait étrangères à la spiritualité ". C'est la lutte du bien et du mal, de la vie contre la mort (" Leben gegen Tod") ( la vie contre la mort ). Dans les associations d'étudiants, détachées et critiques de Fischer, l'idéalisme reste revendiqué, mais se nuance en abordant des problèmes de société plus concrets : le féminisme, la santé, l'alcoolisme, le sérieux des études en accord avec les professeurs, l'éducation du peuple et les associations musicales. Le refus des contraintes stupides n'est pas la paresse, l'ouverture au monde n'est plus le rêve vague, on pense plutôt à aménager la vie de la ville et le travail au lieu de s'évader dans l'imaginaire. Entre 1896 et 1906, les femmes obtiennent peu à peu le droit de s'inscrire dans les facultés. Les étudiantes sont acceptées progressivement dans toutes les associations, surtout après 1906, date du départ de Fischer. Le problème du féminisme se rattache au problème sexuel. On commence à parler des naissances indésirables, les anciennes associations conseillent la chasteté tandis que les mouvements Francs-tireurs font appel à des formes plus libres du mariage et au droit à la maternité hors mariage. Là aussi nous avons une parenté évidente avec soit les communautés hippies, soit le Lebensborn (Source de vie, maisons maternelles) Les filles-mères deviendront pour les nazis " les mères de la nation allemande " et les parents n'auront pas le droit de les blâmer ou de les rejeter sous peine de châtiment sévères. Selon l'historien Peter Stachura, dès les environs de 1900 la " morale " du Wandervogel se répand dans toutes les ligues de Jeunes y compris catholiques ou protestants, socialistes et communistes, tous récusent l'autorité des adultes et veulent vivre à part d'eux, en communautés. En 1913 a lieu le premier jour de la jeunesse libre allemande, sommet de son développement d'avant-guerre. Toutes les idées généreuses y sont exposées au public, et malgré les bruits de guerre, dans une atmosphère pacifiste. On prêche un nationalisme de prospérité intérieure, sans agression, un socialisme de réformes et d'instruction du peuple, sans révolution violente. Mais les étudiants qui parlent à cette fête, n'expriment pas, loin de là, les folies de la majorité, celles du Wandervogel, irrationnel, rêveur, négatif, nihiliste. Lui, s'est répandu sur le peuple entier grâce aux colonies de vacances et aux centres aérés** et bien entendu beaucoup d'étudiants, passés par là, restent partisans de Fischer et formeront l'aile avancée nazie. Ils retournent tout naturellement à la base comme < führer local > et endoctrinent, disent-ils, sans pédanterie, les enfants qui leur sont confiés. Ainsi, malgré les vertes critiques des groupes d'étudiants, c'est l'inspiration de Fischer qui triomphera partout après 1918 : et par conséquent, le mépris de l'école, la contestation de la morale, le refus du travail. Face aux folies nazies que dans son enfance il a vécues, à l'intérieur de la Hitlerjugend, le sociologue allemand Hans Peter Richter demande une prise de conscience et une loi contre l'esclavage idéologique des enfants. Cet esclavage commence dès qu'un groupe social ( église, association, parti ) excite les enfants vers un fanatisme sans ouverture. Richter demande que soit mis au ban des nations démocratiques tout groupe qui endoctrine des mineurs, dans l'exclusive et dans l'ignorance des autres groupes. Nous pouvons penser aux sectes et aux tendances de certains extrémistes actuels de tous bords. Nous donnerons la parole en dernier lieu à Fritz Stern et à Zeev Sternhell. Leurs deux messages sont presque identiques : le premier dit : " Pouvait-il y avoir un autre III e Reich ? Peut-on abdiquer la raison, glorifier la force... sans préparer le triomphe de l'irresponsabilité ? " ... Là est le " danger du désespoir culturel " . Le second dit : " Quand l'anti-rationalisme est associé à un intense pessimisme culturel, quand il va de pair avec un culte prononcé de la violence.... alors la pensée fasciste prend fatalement corps. " |