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4ème édition, décembre 2002
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François Clément, 18 rue Hoche, 78000 VERSAILLES.
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Introduction
Voilà quelque temps, devant l’enthousiasme d’anciens
se racontant le passé, nous avons souhaité rassembler des
éléments de l’histoire du Groupe Scout de Saint Germain
de Charonne. Ce Groupe Saint François d’Assise, du 20èmearrondissement
de Paris, était formé des meutes, troupes et clans affiliés
sous les numéros 37, 137 et 237èmeParis.
J’ai alors découvert que nous disposions
déjà (quelle chance !) d’une histoire des jeunes années
du Groupe. Rédigée en 1948 et 1949 par Léon Catusse
puis Georges Chrétien, elle fut publiée en feuilleton dans
le journal du Groupe “ Le feu du Conseil ”, impatiemment attendue
à chaque numéro. Nous l’avons rapportée presque
in extenso (nous avons seulement omis quelques descriptions touristiques),
entre guillemets et en italique, comme d’ailleurs tous les autres
écrits “ empruntés ”. Ce texte nous a conduit
à poursuivre une narration chronologique.
Pour la première période, celle des
“ Origines et jeunes années ” de 1924 à 1933,
nous avons donc complété le texte de Léon Catusse
par des précisions et souvenirs personnels de son frère
Marcel. Nous avons aussi une photo de 1925, au tout début de la
37ème.
Pour la seconde de 1934 à 1945 le «
Grand bond ”, nous reprenons aussi comme fond les textes de Léon
Catusse et Georges Chrétien. Quelques souvenirs glanés chez
les plus anciens les complètent et quelques archives et photos
nous éclairent un peu plus sur les chefs, les patrouilles, la pédagogie,
les techniques, les mythes et coutumes du Groupe d’alors : mais
comme nous aimerions en savoir plus ! Pour la guerre, notre texte s’appuie
seulement sur les souvenirs de quelques anciens et quelques rares photos.
Nous pouvons décrire la troisième
période, de 1945 à 1954, celle de « deux troupes et
trois meutes », en puisant dans des archives plus copieuses, dont
les “ Feu du Conseil ” à partir de 1948, et avec des
souvenirs plus nombreux et plus précis des uns et des autres. Nous
disposons aussi de beaucoup plus de photos, dont celles du Père
Lacoin que nous avons retrouvées grâce à son neveu
François.
La dernière période présentée,
« un nouveau souffle », de 1955 à 1964, est rédigée
d’après mes archives personnelles et celles de mon frère
Jean, et là encore, des souvenirs d’autres chefs et scouts
concernés.
Nous nous sommes limités à l’année
1964 parce que nous ne connaissons pas ce qui s’est passé
après : personnellement j’ai quitté le Groupe cette
année là. Et les autres chefs en ont fait autant peu après.
Triste retour de l’histoire : les difficultés de la création
du Groupe en 1924 et 1925 sont dues pour beaucoup aux Paroisses qui n’y
croient pas. Quarante ans plus tard, alors que sa situation est brillante,
le Groupe suspend sa trajectoire car la Paroisse n’y croit plus
!
Cependant, nous savons que le Groupe a repris vie
plus tard et nous espérons que de plus jeunes anciens pourront
nous en raconter la suite. Mais cependant, quel serrement de cœur
en mai 2002, à la lecture de cet avis affiché à la
porte de notre vieille église « pour les activités
scoutes s’adresser à la Paroisse Saint Gabriel »…
L’histoire rédigée, une première
édition n’a pas suffit à la demande, en voici donc
une seconde ! Nous y avons apporté corrections et enrichissements.
Vous nous pardonnerez ce qui reste encore de confusions, déformations
et erreurs (ah, la mémoire orale !). Et vous vous empresserez de
nous signaler d’éventuelles corrections, précisions
et ajouts... pour une troisième édition !
J’ai beaucoup apprécié cette
plongée dans un passé que je connaissais finalement très
peu. Ce fut beaucoup de recherches, de recoupements et de vérifications.
Il y a beaucoup d’incertitudes, beaucoup de lacunes, dont presque
tout ce qui concerne les routiers. Mais cela a été aussi
pour moi l’occasion de contacts formidables avec quelques anciens
mythiques dont j’avais entendu beaucoup parler.
Comme sociologue et ancien Scoutmestre, attentif
à la pédagogie scoute et à la vie des unités,
au regard du panorama brossé j’ai confirmation de l’importance
de la fluctuation des effectifs d’une année à l’autre,
souvent aussi en cours d’année. Certes, les départs
réguliers « en bloc » des CP et de quelques SP provoquent
ces à-coup. Mais se pose aussi parfois une question de recrutement.
Or celui-ci est fonction de la qualité du scoutisme vécu,
et pour cela l’encadrement est une autre donne fondamentale. Existe-t-il
des chefs et cheftaines adultes de qualité certes, mais formés,
soutenus, qui peuvent rester longtemps en poste, qui ont le temps de former
des assistants plus jeunes ? A chaque fois voilà un excellent scoutisme
qui s’installe au Groupe.
A toi donc ancien petit loup, éclaireur,
chef de patrouille, second, routier, cheftaine ou chef, ces repères
historiques qui te rappelleront quelques moments de tes jeunes années.
Car si notre scoutisme est dans les brumes du passé, il reste vivant
dans nos âmes et nos corps. A tous ceux qui n’y verront que
nostalgie, nous pouvons dire que notre vie d’homme s’est forgée
pour partie aux scouts.
Sœurs et frères scouts, que vous reste-t-il
de votre scoutisme ? Encore beaucoup d’autres repères sûrement,
comme la prière scoute :
Seigneur Jésus, apprenez-nous à être
généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté.
Ou bien la formule de la promesse :
Sur mon honneur avec la grâce de Dieu, je
m’engage à servir de mon mieux Dieu, l’Eglise et la
Patrie ; à aider mon prochain en toutes circonstances, à
observer la loi scoute.
Ou encore la loi :
Le scout met son honneur à mériter
confiance
Le scout est loyal à son pays, ses parents, ses chefs et ses subordonnés
Le scout est fait pour servir et sauver son prochain
Le scout est l’ami des tous et le frère de tout autre scout
Le scout est courtois et chevaleresque
Le scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu, il aime les plantes
et les animaux
Le scout obéit sans réplique et ne fait rien à moitié
Le scout est maître de soi, il sourit et chante dans les difficultés
Le scout est économe et prend soin du bien d’autrui
Le scout est pur dans ses pensées, ses paroles et ses actes
Ou encore l’investiture Raider :
Voici l’insigne Raider, Rappelle-toi qu’il
ne doit jamais être porté par un lâche, et qu’il
t’oblige à tout risquer pour ceux qui sont dans la détresse,
même ta vie
Quelles exigences vous êtes-vous dit parfois
! C’est peut-être pourtant ce « trop » qui a aidé
bien des nôtres à tourner leur vie vers les autres, mais
aussi, provoquant un recul salutaire, leur a permis d’acquérir
une plus grande autonomie adulte.
Rendons hommage aux fondateurs du Groupe, aux aumôniers,
cheftaines et chefs qui ont érigé, animé, développé
ou maintenu la vie des unités par joies, vents et marées.
Merci à ceux qui tissent la toile de nos rassemblements, à
ceux d’entre vous qui ont contribué à faire revivre
la mémoire collective par leurs souvenirs et leurs archives, et
parmi eux, Marcel Catusse, Jean Jacques Albe, Claude et Michel Benoist,
Jean Louis Cassou, Louis Hacquin, Pierre Verrier, Jean Clément.
Nous pensons aussi à tous ceux qui sont
déjà partis, mais restent toujours dans notre cercle : scout
un jour, scout toujours !
François Clément
Septembre 2002
Origines et jeunes années.
De 1924 à 1933
Voilà le mythe de la genèse du Groupe dans toute la saveur
d’un lointain merveilleux, « les Gais compagnons de saint
Blaise » …
Avec même un nom fabuleux pour celui qui dirige les premiers pas,
Hathi.
La photo de 1925 nous laisse rêver, comme la narration des premiers
camps. D’un seul coup tout notre scoutisme est là, le même
que nous avons vécu plus tard.
Mais nous mesurons aussi toute l’énergie d’une cheftaine
comme Camille Lelièvre pour des débuts tumultueux, et l’importance
que notre Groupe, un des premiers à Paris, avait aux yeux des fondateurs
des Scouts de France, le vieux Loup ou Lucien Goualle.
Nous n’oublierons pas le soutien des chefs venus de la 25ème
Paris pour nos premiers pas. Bernard Maurer, Joseph et Jean Blaire, Raoul
Séréne. Nous n’avons pas été ingrat,
puisque plus tard à leur tour, des scouts du Groupe sont à
l’origine de la fondation d’au moins deux troupes : la 108ème
en 1936, au « Bon Pasteur », et la 127ème en 1957,
à « Saint Jean Bosco », et que beaucoup de nos chefs
ont aussi contribué à l’encadrement d’autres
troupes.
1924
Léon Catusse écrit donc dans le « Feu du Conseil »
de mai 1948 :
“ Peut-être avez-vous déjà été
intrigués par l’inscription que porte le drapeau du Groupe,
notre vieux drapeau tricolore “ Scouts de France, les Gais Compagnon
de Saint Blaise ”. Mais vous n’avez sans doute pas poussé
l’observation jusqu’à examiner de très près
la couleur de la soie beige rose dans les broderies de l’ancien
étendard de la 37ème, celui qui vient d’être
remplacé, et que nous conservons comme une relique. Vous auriez
remarqué que les chiffres n’ont pas tous été
brodés en même temps. Dans les dates, le 6 de 1926 est différent
du 1, du 9 et du 2. Dans le numéro de la troupe écrit en
chiffres romains : XXXVII, les deux premiers X et le deuxième I
sont également différents des autres. Pourquoi ? je vous
le dirai la prochaine fois si vous n’avez pas deviné. Qui
parmi les plus anciens et même les chefs, pourrait donner la clef
de cette énigme ? Qui connaît, même vaguement les origines
du Groupe ?
C’est cette lacune que je veux essayer de combler pour que les jeunes
scouts sachent le passé de notre Groupe, en fixant par écrit
la tradition orale, qui finit par se perdre.
Je tâcherai donc de retracer la vie et les aventures de la 37, et
de vous faire connaître les hommes et les femmes qui l’ont
faite ce qu’elle est : Aumôniers, cheftaines et chefs, au
dévouement admirable qui lui ont donné le meilleur d’eux-mêmes,
et l’ont fait marcher, coûte que coûte, à travers
les difficultés.
Je voudrais que tous gardent leur souvenir, qu’on sache qui ils
sont, lorsqu’ils reviennent chez nous, qu’ils y puissent s’y
sentir encore chez eux, et non pas qu’on les accueille avec une
indifférence polie, teintée d’un rien de curiosité
: “ Qui est-ce ? – un ancien chef. – Ah, bien ”.
Souvenez vous du 20ème anniversaire, vous qui étiez là
en 1946. Tous ces messieurs plus ou moins graves, barbus, chauves et galonnés,
ce sont vos anciens. Ils ont porté le même uniforme que vous,
prononcé la même promesse, chanté les mêmes
chansons et dit la même prière.
C’est à eux tous que je dédie cet essai, pour la plus
grande gloire du Groupe.
……………..
Il y a environ un quart de siècle, vers 1922, fonctionnait dans
la paroisse un cercle d’études. Je fréquentais alors
l’école maternelle, et il me souvient avoir vu dans le petit
préau de la rue des Haies l’inscription “ Cercle Saint
Louis de Gonzague ”. Je ne sais pourquoi ce détail est resté
gravé dans ma mémoire. Ce préau est devenu le local
de la 37ème et c’est le berceau du scoutisme à Charonne.
On commençait alors à parler du scoutisme
catholique, et les Scouts de France étaient fondés depuis
un an, par la réunion de trois troupes de Paris, à celles
de Lille et du Creusot. L’Aumônier du Cercle qui avait entendu
parlé du Vieux Loup et du Père Sevin, y introduisit cette
idée, et le Cercle devint une troupe scoute, la XVIème Paris.
Voilà donc l’explication de mon énigme du mois dernier
: le Drapeau porte toujours le nom de la XVIème, “ les Gais
Compagnons de Saint Blaise ”, et l’étendard a subi
les modifications nécessaires pour transformer XVI en XXXVII. Ce
sont de vraies reliques, bien plus anciennes que le Groupe lui-même
».
Les frères Catusse supposent que “
les Gais compagnons de saint Blaise ” qui sont à l’origine
de la 16ème Paris, existaient depuis au moins 1922, issus du cercle
Saint Louis de Gonzague. Une preuve en seraient les étoiles d’ancienneté
que portent le CP (3 étoiles) et Camille Lelièvre (2 étoiles)
sur la photo de 1925 ci-jointe. Ces groupes avaient déjà
un uniforme inspiré de celui des boys scouts de B.P. « Les
Gais compagnons de Saint Blaise » avaient peut-être été
créés sous l’influence de Lucien Goualle, «
Loup blanc du clair de lune », fondateur à 14 ans et en pleine
guerre, des « diables blancs » (future 3ème Paris)
sur la paroisse de l’Immaculée Conception, rue du Rendez-vous
dans le 12ème arrondissement proche de Charonne. En 1918, Goualle
se regroupe avec les « Intrépides du Rosaire » (future
2ème Paris) du 14ème arrondissement, pour fonder les “
Vaillants compagnons de saint Michel ». Lucien Goualle joue un rôle
important lors de la création, en 1920, de la Fédération
Catholique des Scouts de France qui deviendra, en 1932, l’Association
des Scouts de France.
« Faire du scoutisme n’était
pas alors une affaire des plus aisées ! On ne connaissait pas bien
en quoi cela consistait, et la Hutte n’avait pas encore publié
une abondante bibliothèque. Il fallait se procurer “ Scouting
for Boys ” “ Patroll System ” et autres “ maîtres
livres ”, et… les traduire. Comme ce n’était
pas à la portée de tout le monde, on faisait sorties et
réunions avec “ ceux qui savaient ”, généralement
à la 3ème Paris, avec Loup Blanc, secrétaire général
de la Fédération.
Les garçons n’avaient pas encore d’uniforme, et les
branches n’étaient pas séparées : Scouts et
Louveteaux avaient des activités communes. L’Aumônier,
M. l’Abbé Durand, fit appel à Camille Lelièvre,
pour diriger la meute. Il y avait à Paris, trois cheftaines en
tout, qui devaient trouver par elles-mêmes, sans l’aide d’une
expérience confirmée, la façon de conduire des louveteaux
».
Il y avait 60 louveteaux en France en 1922, 200
en 1926, 5 000 en 1928. La Meute de Charonne fut donc une des toutes premières
crées à Paris).
« Je vous reparlerai, au début de
cette histoire, de la cheftaine Lelièvre. C’est grâce
à son dévouement et à sa persévérance
que le Groupe a pu se maintenir dans les difficultés de ses débuts.
Durant dix ans, elle a formé des louveteaux, faisant de sa meute
une des meilleures de Paris : au cours d’un rallie d’Ile de
France, un sizenier de la 37 a été classé parmi les
premiers signaleurs, et le mât de meute disparaissait sous les rubans
des badges. Elle a même dirigé la troupe, en l’absence
de chefs, conseillant les C.P. et soutenant la volonté de persévérance
de tous.
L’abbé Durand ayant quitté Charonne, le nouvel Aumônier
fut hostile au Scoutisme, comme une partie du clergé, qui ne comprenait
pas encore l’utilité de ces garçons en kaki. Il annonça
donc, un beau jour, que le Groupe était dissous, et le matériel
réparti entre des œuvres diverses. Ce fut, vous le pensez
bien, un coup dur pour les chefs et les garçons. Par bonheur, Loup
Blanc leur indiqua que les Pères Franciscains avaient fondé
une troupe dans le voisinage, là ou se trouve actuellement le Bon
Pasteur. Il fut décidé de s’y rallier. Cette troupe
était la 37ème Paris. ”
1925
2700 scouts français. Léon Catusse poursuit :
“ En 1925, les Pères Franciscains furent chargés de
fonder une paroisse rue de Charonne. C’est maintenant le Bon Pasteur,
mais elle s’appelait à l’origine Sainte-Claire d’Assise.
Au mois de décembre, le Père Bernard Villette et André
Safforès (Hippopotame maternel) réunirent les premiers éléments
de la 37ème, auxquels vinrent se joindre quelques garçons
de la 16ème, qui venait d’être dissoute, comme nous
l’avons vu (…) Avec eux vinrent les Cheftaines Camille et
Yvonne Lelièvre. Loup Blanc, dont je vous ai déjà
parlé, présida la première réunion. Le Chef
de troupe (on disait Scoutmestre : S.M.) s’appelait Xavier Dessaigne
; il n’est d’ailleurs pas resté bien longtemps à
la troupe ».
Est-ce lui sur la photo de 1925, à la gauche
du Père franciscain ? Ou est-ce André Safforès ?
De combien de garçons, de patrouilles, se composait la 37ème
à ses débuts ? Quels en étaient les noms ? Nous n’avons
pas d’information sur ces points, mais sur la photo de 1925 on distingue
deux CP et un nombre de garçons permettant de constituer deux patrouilles.
Peut-être saurons-nous lesquelles un jour ?
1926
“ Mais bientôt, le 30 juin 1926, les Franciscains furent remplacés
par les Fils de la Charité, qui ne voulaient pas de scouts dans
leurs œuvres. La troupe rejoint donc le Père Bernard Villette
au couvent franciscain de Fontenay-sous-Bois, tous les dimanche. Il en
résulte une bonne et longue amitié avec la 2ème Fontenay,
Sainte Claire d’Assise, troupe sœur de la 37, qui a le même
foulard que nous, brun bordé de blanc, les couleurs franciscaines
vraisemblablement. L’Union Familiale, rue de Charonne, donnait asile
en semaine aux réunions de patrouille. Mais les Fils de la Charité,
qui ne voulaient pas de troupe chez eux, ne pouvaient en tolérer
une à leur porte. La 37 se trouva donc sans foyer !
Ce fut une dure année : pas de Chef, pas de local ! La troupe se
maintint grâce à la Cheftaine Camille Lelièvre, qui
aida les C.P. Les réunions se faisaient le plus souvent sur les
bancs du boulevard de Charonne.
1927
Léon Catusse poursuit dans le Feu du conseil n° 5 de novembre
1948 :
« La 37ème fut affiliée le 11 mai 1927, quand elle
était encore rue de Charonne, en présence du chef Scout
Général de Salins et du Vieux Loup ».
La troupe a fait ses preuves pendant 2 ans, et
peut alors être affiliée à la Fédération
des Scouts de France. Les numéros sont attribués en ordre
chronologique à l’affiliation. En 1927, le nombre de troupes
a doublé.
« L’affiliation eut lieu en même
temps que celle de la 38èmeParis, Groupe Saint-Dominique. Une curieuse
coïncidence faisait ainsi entrer officiellement ensemble dans l’Association
deux troupes éloignées dans l’espace (la 38ème
étant sur la rive gauche) et de recrutement très différent,
et qui, pourtant sont placées sous les vocables de deux saints
ayant vécu à la même époque et fondé
deux ordres très proches par l’esprit.
Au moment du premier camp - on peut supposer à Pornic puisque pour
l’année suivante Léon Catusse parle d’un camp
qui « a encore lieu à Pornic « - il y avait enfin un
S.M. et de poids : Bernard Maurer, surnommé Hathi du nom de l’éléphant
du “ livre de la jungle ”.
Camille Lelièvre, Hathi… Ce sont les deux premiers noms à
retenir dans l’Histoire de notre Groupe. Ils lui ont donné
l’impulsion qui l’a fait durer jusqu’à la guerre,
et c’est toujours d’eux d’abord, que sont heureux de
parler des anciens qui se rencontrent. ”
En 1938, Hathi raconte lui-même ses débuts
dans le “ journal de bord de la 37 ” - qu’est devenu
ce journal ?- extrait repris dans le “ Feu du Conseil ” par
Claude Albe en 1951 à l’occasion du 25ème anniversaire
de la troupe :
“ Petits frères, ne laissez jamais tomber la 37, le début
a été si dur, si long, si incertain… Je pense si souvent
à la 37. C’est que j’ai été mêlé
à sa vie dès 1925, bien avant d’être désigné
par hasard, pour m’en occuper. J’avais soigné en effet,
durant le pèlerinage de Rome, un des scouts de la 37 très
malade, un des contemporains de Dondoux, d’Issoulet aîné.
Et Léon Catusse raconte :
“ Beaucoup d’entre vous connaissent Hathi. Vous l’avez
vu au 20ème anniversaire ; peut-être avez-vous campé
à Orgeval ? Mais vous ne pouvez savoir ce qu’il est resté
pour ceux dont il a été le Chef Routier au Clan Montalembert
»
(Le Groupe Montalembert, sis au cercle d’étudiants du 104
de la rue de Vaugirard dirigé par le Père Plazenet. comprenait
la 25ème Paris qui en un an en patrouilles, (quel que soit leur
âge !) formait des futurs chefs destinés à encadrer
les troupes qui se créaient. Les frères Blaire venaient
aussi de cette troupe).
« Hathi était connu dans tout Paris, et quand on nous demandait
notre troupe, nous annoncions : 37ème Hathi… Sa bonhomie
était réputée, et célèbre la façon
dont il racontait l’histoire de la Baleine, de Kipling, qu’on
lui réclamait à tous les feux de camp où nous étions.
Mais ce qui le caractérise le mieux, c’est sa générosité
et son dévouement inlassable. Il se donnait à tous sans
compter, scouts ou malades, les confondant dans le même amour.
Maintenant médecin aux environs de Saint Germain en Laye, il est
bien resté le même. Je l’ai vu dernièrement
chez lui. Il n’a pas rejoint sa famille pendant les fêtes
de Pâques parce que deux malades devaient avoir besoin de lui. Et
toujours cette même bonhomie bourrue : il tempête après
les malades qui le dérangent, mais n’hésite pas à
partir, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il
pose une moto pour enfourcher l’autre. Et cela ne l’empêche
pas, pourtant, de peser 140 kilos. ”
Léon Catusse poursuit :
« Après ce premier camp, en octobre ou novembre 1927, Monsieur
l’Abbé Fabre depuis peu vicaire à Charonne, reçut
de Monsieur le curé Montiton la charge de la 37ème qui retrouvait
ainsi, rue des Haies, le local de la 16ème Paris.
Monsieur le Curé de Saint Georges ne m’en voudra pas de faire
l’éloge de l’Ermite Grincheux, comme nous l’appelions
avec une familiarité respectueuse (bien qu’il ne fut pas
grincheux du tout !). Il resta notre aumônier jusqu’en 1936,
époque à laquelle il fut nommé premier vicaire à
Saint François d’Assise. Curé de Bagnolet pendant
la Guerre, il n’y resta que peu de temps pour aller à Saint
Georges de la Villette. Saint François d’Assise et Saint
Georges ! Il semble que pour lui, si attaché au scoutisme, l’archevêché
ait choisi spécialement des paroisses où il se retrouve,
si l’on peut dire, en pays de connaissance !
Revenue rue des Haies, la Troupe partagea son local actuel avec la Meute
: trois patrouilles : les Alouettes, Ecureuils, Pinsons, laissaient aux
Louveteaux la place comprise entre les fenêtres des Hirondelles
et des Cigognes actuelles et le mur du côté de la porte.
Les Alouettes sont toujours à la même place, les Ecureuils
occupaient le coin des Ramiers et les Pinsons, celui des Hirondelles.
C’est d’ailleurs la même patrouille qui changea de nom
en 1929 ».
On peut penser qu’une ou deux de ces trois
patrouilles ont formé la troupe à l’origine. Alouettes,
Pinsons ? Deux patrouilles au totem d’oiseaux, ce serait une belle
référence au Saint Patron François ! Et que sont
devenus les écureuils ?
1928
« Le camp 1928 eut encore lieu à Pornic, en commun avec la
56èmeParis (Saint Ambroise).
Hathi avait pour assistant à ce moment là, Joseph Blaire,
l’aîné d’une famille qui donna quatre chefs au
mouvement scout. Son frère Jean fut aussi son assistant, puis chef
de troupe chez nous. C’est lui qui écrivit notre chant de
Groupe. Il est maintenant aumônier d’une troupe d’Arras.
« Cette année là, les louveteaux ont enfin leur local
: la baraque montée par les routiers dans la cour débarrassée
de ses arbres ».
La fin de 1928 voit les premiers routiers du Groupe. Ils sont quatre,
cette années là qui forment le Clan du Vieux Loup.
On pourra s’étonner d’un clan à effectif si
réduit, car maintenant il suffirait à peine à une
équipe, mais la Route était encore à ses débuts,
et on utilisait l’appellation de Clan sans considération
du nombre de routiers. Le premier compagnon (chef d’équipe)
était André Safforès, le premier CP des Alouettes.
»
Opterons-nous alors pour les Alouettes pour première patrouille
de la ou 37ème , ou même 16ème ?
1929
« C’est au 1er avril 1929, au camp de Pâques de Secteur,
à Nainville les Roches, que Hathi remit (aux routiers) le scalp
jaune, vert et rouge, car novices et apprentis routiers n’existaient
pas, ni la cérémonie du « départ ».
Faisant allusion à un camp de secteur il serait bon de préciser
la position du Groupe dans le District. Les Districts étaient beaucoup
plus étendus qu’ils ne le sont aujourd’hui, et Paris
Est équivalait presque à la Province Saint Louis, qui a
seulement empiété un peu sur les Districts Paris-Centre
et Paris-Nord.
Le secteur B, le nôtre, comprenait un peu plus que notre actuel
Paris Est II : 17ème, 37ème, 42ème, Montreuil et
Bagnolet et, un peu plus tard 84ème. Il s’étendait
en outre à la 62ème (Saint Joseph) et comprit aussi vers
1936, la 108ème fondée au Bon Pasteur par des routiers de
chez nous. En banlieue, il allait jusqu’aux Lilas, à Rosny
et Villemomble. Le secteur A se trouvait au sud du Cours de Vincennes,
avec Vincennes et Fontenay.
Le Commandant Lhopital, aide de camp du Maréchal Foch (Lieutenant
colonel depuis la dernière guerre où il avait repris du
service actif) était Commissaire de District ; sa femme Cheftaine
de District (nous dirions maintenant ACDM), s’étant légèrement
blessée au genou à un camp de cheftaines, elle contracta
le tétanos et en mourut. Le secteur B prit alors le nom de «
Secteur Cheftaine Lhopital » que notre secteur porte encore.
Au mois de mai 1929, les Scouts prennent part au rallye de province d’Ile
de France, à Orléans, pour les fêtes du cinquième
centenaire de Jeanne d’Arc.
Le camp était monté sur les boulevards qui entourent la
ville et cela ne valait pas une bonne clairière herbeuse, ou une
couche d’aiguilles de pin.
L’été 1929 amène le groupe dans les Alpes :
Saint Michel de Maurienne, Briançon. C’est pour la première
fois l’attrait de la montagne qui remplace celui de la mer. Les
louveteaux voient avec étonnement de la neige en plein mois de
juillet ; et tous raconteront fièrement au retour qu’ils
sont allés en Italie : en fait ils avaient fait un pas par delà
la frontière, près de Briançon, mais cela ne fait
rien, ils étaient bien à l’étranger.
Après ce camp nous fûmes représentés par quatre
Routiers au Jamboree de la Majorité, à Birkenhend, le scoutisme
avait 21 ans. Ce fut le premier des grands Jamboree qui eurent lieu ensuite
tous les quatre ans, sauf pendant la guerre. Les Scouts de France y firent
sensation avec leurs aumôniers en soutane, ce qui ne s’était
pas vu en Angleterre depuis plusieurs siècles.
Lucien Fabre est toujours aumônier et Bernard
Maurer (Hathi), alors interne à l’hôpital de Saint
Germain en Laye est Scoutmestre. Jean Lapereyre est CT, Joseph et Jean
Blaire sont assistants (depuis les débuts de la troupe). A la meute,
les cheftaines Lelièvre. Chez les routiers André Saffores,
LouisTillet et Denis Gaume. A l’époque le Scoutmestre est
à la fois le Chef de Groupe et coiffe le chef de troupe et la cheftaine
de meute, qui sont plutôt des assistants : les unités campent
ensemble sous sa direction. Il y a 4 patrouilles, les Rouge-Gorges, les
Hirondelles, les Alouettes, les Ramiers.
Marcel Catusse, entré à la meute
en janvier et petit loup de la sizaine des bruns, se souvient de son voyage
en train dans le filet porte-bagages, pour aller au camp des Alpes. Les
sacs entre les deux banquettes permettaient de dormir en travers du compartiment.
Les sacs à dos n’avaient pas d’armature. A l’époque
il n’y avait pas de duvet. Les scouts dormaient sur un sac empli
de foin ou d’herbe sèche. La couverture était repliée
sur les pieds, les cotés par dessus, le tout maintenu par la ceinture.
Les excursions avaient lieu en camion, déjà !…
1930
« En 1930, pas d’évènement bien marquant. Le
cycle des fêtes de Jeanne d’Arc se continue par Compiègne,
où nous participons à une procession aux flambeaux des plus
impressionnantes, et à un grand défilé historique
qui a travers la ville pavoisée et décorée de tapisseries,
se rend au champ de courses, où nous assistons à une reconstitution
de tournoi.
Le grand camp nous transporte en Bretagne entre Saint Malo et Cancale,
sous le signe de la pluie. La petite pluie fine de Côtes du Nord
ne nous lâche pas, et les routiers adoptent comme uniforme le ciré
et le suroît jaune en toile huilée des pêcheurs malouins.
Nous avons pu faire de superbes excursions : le Mont Saint Michel, la
Rance remontée en bateau de Saint Malo à Dinan, voyage en
mer qui épargne peu d’estomac ».
Le camp est dirigé par Hathi pour les routiers
et scouts, assisté du SM Blaire et de l’ASM Lapereyre, par
la cheftaine Lelièvre pour les louveteaux assistée de la
cheftaine Guyot et de deux autres jeunes filles. Le prix du camp est de
275 francs, dont 45 francs de voyage. On se souvient d’une tentative
de rejoindre le cap Fréhel sur le “ Solidor ”, avec
un demi-tour pour cause de mer forte et trop agitée, et toujours
en bateau dans le port de Saint Malo, d’un SOS lancé en Sémaphore
(mais oui, ça sert !), par la cheftaine pour demander du secours
: le batelier était complètement ivre...
« Les malades du camp (il y avait pas mal
de rhumes) n’oublieront pas le château hanté qui servait
d’infirmerie. On y entendait du bruit la nuit et les louveteaux
assuraient même que c’étaient des bruits de chaînes.
« (…) Hathi avait emmené la 1èreSaint Germain
en Laye qu’il venait de fonder ».
La fin du camp fut un peu attristée par l’annonce, au dernier
feu de camp du départ d’Hathi, qui devait en septembre se
marier et s’établir Docteur à Orgeval .
A ce camp de Bretagne, l’un des assistants de troupe était
Jean Lapereyre, routier à la 25ème Paris, comme tous les
chefs que nous avions à l’époque.
Nous étions assez fier à cause de sa prestance physique
: au Jamborée de Birkenhead, il avait été choisi
parmi tous les Scouts de France, comme le mieux « bâti »,
pour incarner le bourreau dans la représentation du martyr de Jeanne
d’Arc.
Après qu’il eut quitté le Groupe nous n’avions
de lui que de rares nouvelles pour finalement apprendre sa mort, peu de
temps avant la guerre.
Après le départ d’Hathi, Joseph
Blaire lui succéda, en octobre 1930, avec son frère Jean
comme assistant. D’un caractère plus froid, il inspirait
peut-être moins d’enthousiasme, mais savait obtenir les mêmes
résultats de dévouement et de générosité
de la part des garçons. Lié lui-même très fraternellement
à celui qu’il avait aidé depuis quelques années,
il voulait maintenir son esprit sur la Troupe ; il aimait surtout, quoique
Scoutmestre, que nous persistions à l’appeler « Assistant
», marquant ainsi que pour lui, le Chef était toujours Hathi.
Il nous répéta maintes fois que, lorsqu’il nous quitterait
il ne voudrait garder que le titre « d’Assistant honoraire
».
Pendant ce temps, à la Meute, la cheftaine Camille Lelièvre
avait pour assistante une étudiante en droit Yvonne Guyot, aujourd’hui
madame, Joseph Blaire. Ils se sont mariés en 1933, lorsque Jo était
prêt à devenir notaire, et ce fut le premier mariage dans
le Groupe, (et d’un).
Signalons avant de quitter Joseph blaire, que par une ironie de la totémisation,
lui qui était appelé « Morse » eut le mal de
mer en rade de Saint Malo. »
1931
« Continuant à parcourir la France en zigzag, nous plantions
nos tentes, en 1931 dans les Pyrénées. Nouvelle formule
pour la 37ème, ce fut un camp mobile : deux semaines sur la côte
Basque, deux jours à Lourdes et la fin en pleine montagne.
Après avoir visité Bordeaux en passant,
nous débarquions à Saint Jean de Luz d’où un
tacot nous menait à Ascain, pays de Loti et des contrebandiers
(les louveteaux en entendaient ou croyaient en entendre, touts les nuits
sur un sentier qui longeait leur camp). Là nous fûmes reçus
par un général anglais qui, au feu de camp, nous déclara
être Commissaire de Baden-Powell et commander à quatre cent
dix troupes de Londres. Sa grande joie était de voir que son bois
brûlait bien !
La foi était si grande en cette région
que le village se vidait entièrement à l’heure de
la Grand Messe, et le Curé se plaignait de n’avoir pas plus
de deux cents hommes aux Vêpres, sur un millier d’habitants
!
Ce fut un de nos plus beaux camps, au point de
vue pittoresque. Nous avons fort admiré l’architecture ancienne
du pays basque, les églises avec leur chœur surélevé
d’une vingtaine de marches et leur triple rang de balcons réservés
aux hommes (les cheftaines restaient en bas), nous nous sommes enthousiasmés
pour les parties de pelote basque, essayant nous-mêmes d’y
jouer sous les regards ironiques des pelotaris.
Deux ans après la frontière d’Italie,
nous avons vu celle d’Espagne au pont de la Bidassoa, avec ses gardes
au curieux bicorne, que nous appelions le chapeau à balcon. Nous
avons fait l’ascension de la Rhune, une montagne près de
Saint Jean de Luz, où nous avons pu manger sur une table de pierre,
à cheval sur les deux pays ! Une ligne gravée au milieu
de la table représentait la frontière.
Quittant la côte basque après deux
semaines nous gagnons les Pyrénées. Deux jours d’arrêt
à Lourdes et participation à la liturgie, Messe à
la Grotte et à la chapelle scoute de la basilique, visite de la
Source Miraculeuse, procession des malades et émouvante procession
du soir aux flambeaux. (Suit une petite description de la ville et Léon
reprend) Un aspect du mercantisme nous a aussi fortement choqué.
Ce ne sont partout que boutiques d’objets de piété,
style Saint Sulpice, dont les trois quarts des marchands à en croire
leurs enseignes, parents de Bernadette Soubirous ; cela semble une vaste
exploitation commerciale du miracle. Quelle toute autre impression , par
contre, on ressent à la grotte et sur le parvis : une atmosphère
de FOI et d’ESPERANCE, au service de la Vierge et des malades.
Après ce pèlerinage, le camp se termine
dans la vallée d’Argelès. Les tentes dressées
sur une terrasse, dominant de haut la route, entourant la petite chapelle
de la Piéta près de Saint Savin, où il y a une vieille
église pleine de superbes sculptures, et qui possède également
un très vieux Christ de bois d’une beauté rude.
La dernière semaine, agrémentée
d’un bel orage dont le bruit se répercute de cime en cime,
se passe en randonnée en camion, vers Luz, cité médiévale
à l’église fortifiée, Argelès, Cauterets
et les cascades du gave, enfin le Cirque de Gavarnie où, malheureusement,
la grande Cascade manque un peu d’eau en ce début d’Août,
et rebondit à mi-hauteur : d’habitude elle tombe d’un
seul jet de la hauteur de la Tour Eiffel.
Les chefs à ce camp vous sont déjà
connus : Joseph et Jean Blaire à la Troupe. A la Meute, une nouvelle
assistante termine sa première année de scoutisme, Georgette
Odoul, qui retiendra plus tard notre attention.
Le grand événement du début
du camp fut l’adoubement de notre premier Chevalier de France (il
n’y en eut d’ailleurs pas d’autre) André Safforès.
Les parrains étaient Jean Blaire, Chevalier de France et la cheftaine
Camille Lelièvre. Le cérémonial voulait en effet
que deux Chevaliers de France répondent au récipiendaire,
et la Scoutmaîtrise, par son choix de Camille Lelièvre pour
remplacer le second, voulut lui rendre hommage en reconnaissant ainsi,
d’une façon solennelle qu’elle était égale
à cette dignité.
Après le camp des Pyrénées, la Cheftaine Camille
Lelièvre quitta la meute, dont Georgette Odoul devint C.M. En même
temps, Joseph Blaire, pour terminer ses études de Droit, confia
la direction de la troupe à son frère Jean. »
A cette époque l’analogie entre la
Chevalerie et le scoutisme était si forte au sein des Scouts de
France, qu’on donna le titre de « Chevalier de France »
à l’échelon le plus élevé de la progression
individuelle. Le règlement de 1923 précisait : le Chevalier
de France est un scout de première classe comptant au moins deux
ans de service depuis sa promesse et ayant donné, depuis lors des
gages marquants d’esprit chrétien, de valeur scoute et de
persévérance ». Il devait en outre posséder
au moins 12 brevets. Il était élu par la Haute Patrouille
et les premières classes. Le titre et l’insigne étaient
décernés par le commissaire de district.
L’insigne représentait un casque de
chevalier brodé en soie jaune sur fond vert, et surmontant l’insigne
de première classe. Le Chevalier portait une cordelière
blanche et rouge avec 12 badges, double et d’or et quatre pompons
avec 18 badges. (Une première classe avec six badges portait une
cordelière jaune et verte à deux pompons). Il semble que
les Chevaliers furent surtout nommés à l’âge
routier. Leur insigne était alors sur fond rouge. André
Safforès dû recevoir ce dernier.
Le titre de Chevalier de France fut remplacé
par celui d’Ecuyer de France en 1942. Pour être Ecuyer de
France d’après « Etapes » de l’édition
de 1947, il fallait : « être un scout de première classe
fort, viril, capable, qui est dans la patrouille et dans la troupe un
exemple d’esprit scout et de joie. Recueillir au vote secret, les
trois quarts des voix des membres de la Cour d’Honneur augmentée
des scouts de première classe et des Ecuyers déjà
reçus. Posséder les brevets d’acolyte, d’évangéliste,
de campeur, de guide, d’aide secouriste, de pionnier, et deux autres
parmi main habile, sauveteur, nature, observateur, topographe, messager
ou gymnaste. »
L’insigne était une molette d’argent
sur un pentagone à fond vert à liseré d’argent.
La création des Raiders fit disparaître le titre. Quels scouts
de la 37ème furent Ecuyer de France ?
1932
« Musicien, poète et chansonnier, Jean Blaire est l’auteur
de notre chant de Groupe, ainsi que de bon nombre d’autres chants
dont le succès dura longtemps à la 37 !
Vos chefs se rappellent encore la chanson des intendants (1933) :
“ C ‘est ma ceinture que je ne retiens plus,
Et, si çà dure, je n’en mettrais plus ”
Il y avait aussi un chant de marche, sur un air d’allure martiale,
dans lequel, un brave homme de Visage Pâle demandait :
“ Dis-moi mon gars, qu’est-ce qu’il faut faire
Pour être un boy-scout merveilleux ?
J’étais autrefois militaire
J’ai du métier, çà gazera mieux… ”
A quoi les scouts répondaient, sur un air éclatant de trompette
:
“ Bien loin d’être des militaires
Mon cher monsieur, nous sommes bien mieux ;
Des petits gars prêts à tout faire
Pour que le monde soit heureux. ”
Au cours de chaque camp, il nous donnait des chants satyriques ou d’actualité,
(La plupart n’ont pas dû être conservés), commémorant
les évènements joyeux ou pittoresques du camp, comme une
“ cantate ” pour la visite de Monsieur le Curé de Charonne
en 1932 :
“ Bonjour Monsieur le Curé
C’est gentil d’être venu, ”
Ou la chansonnette de 1931 qui mettait en cause un nez célèbre
par sa faculté de rougir et peler au soleil avec la plus grande
promptitude :
“ J’avais un nez
Frais comme un bouton de rose. ”
Aujourd’hui Monsieur l’Abbé Jean Blaire, Aumônier
de la 5ème ( ?) Arras, n’a pas renié son talent, puisqu’il
a publié, pour les scouts, un recueil d’harmonisation de
chansons vieilles et nouvelles : “ Cigalons ”, dont Claude
Albe, au début de la Chorale, nous fait chanter “ Ma Normandie
”.
On dit que Jean Blaire rédigeait ses chants
dans le train et les scandait au rythme du passage des roues sur les extrémités
des rails, qui à l’époque n’étaient pas
soudés. On a retrouvé les paroles du chant de la 37ème,
sur une feuille à l’en-tête “ Œuvre Sociale
Saint François d’Assise ”, avec un programme routier
au verso qui permet de la dater de 1943. Cette «Oeuvre » devait
être la « raison… sociale » dont on se servait
pour masquer l’existence du Groupe scout pendant la guerre.
CHANT DE LA 37e
(Paroles et musique de Jean Blaire)
REFRAIN
Scout de la trente septième
Ce nom que ton cœur aime,
Vas-y joyeux et fonce toujours devant
Te donnant sans retour et simplement,
Sans crainte et sans souci ; vas-y gaiement
Ohé les gars !
Que ton âme sereine,
Par les bois et la plaine
Rayonne dans tes chants joyeux
Prêt à servir et de ton mieux.
I
Veux-tu vivre l’âme joyeuse,
Le regard plein d’entrain,
Le visage serein.
Entendre la voix délicieuse
Du soleil radieux
Des forêts et des cieux
II
Jadis au début de l’histoire,
Les grands de maintenant
Etaient petits seulement,
La troupe apparut à sa gloire
Au moment où Hathi
Etait encore petit.
III
Partout sur les routes de France,
Des montagnes aux bois,
De la mer à l’Artois,
Nos chants, nos choeurs, nos espérances
Rayonneront joyeux
Dans les camps merveilleux.
IV
Enfant dont l’âme est toujours franche,
Le joyeux louveteau
Vit son rêve si beau
Plus gai que l’oiseau sur la branche,
Il met tout son entrain
Dans ce joyeux refrain.
V
Les scouts marchent la tête haute
Du matin jusqu’au soir
Au chemin du devoir
Pour tracer la route sans faute,
Ce sont les vieux routiers
Qui marchent les premiers
VI
Et quand Dieu viendra nous reprendre
Pour retourner au camp
Qui là-haut nous attend,
Nous irons joyeux pour nous rendre
Au Grand Rassemblement
Vivre éternellement.
“ A la même époque le Clan reçut
un Chef. Il y avait alors deux patrouilles de Routiers : “ le Vieux
Loup ” et “ Guynemer ”.
Souvenez-vous du Toulonnais, grand, maigre et barbu, qui vint un soir
d’été il y a deux ans, vous parler de l’Indochine
! En 1932, Raoul Serène (qui se mariera avec Georgette Odoul, et
de deux, et attendez, ce n’est pas fini !), nous arrivait du pôle
Nord, où il avait accompagné le Commandant Charcot, comme
océanographe. Jusqu’en 1939, on conserva au local de la Route,
un manche de hache réparé avec un filin du “ Pourquoi
Pas ”, sur lequel Raoul avait accompli le dernier voyage dont ce
beau bateau devait revenir. Au voyage suivant, l’expédition
Charcot se perdît corps et biens, du côté de la mer
de Béring.
Avec sa verve méridionale il savait comment communiquer son amour
pour les choses et nous parla tant de sa Provence, que nous y allâmes
y camper l’été suivant !
Il était ami de Léon Chancerel, le créateur des Comédiens
Routiers et avait adapté pour eux un conte provençal : «
le Tambour de Roquevaire » ( 1933), qui tint une grande place dans
le nouveau “ Théâtre Scout ”, ainsi qu’une
“ Pastorale ” ou célébration de la Nativité
du christ, dont les « Noëls Routiers » subissent parfois
encore l’influence. ”
Raoul Serène faisait partie de la promotion d’honneur des
Comédiens Routiers. Il fut instructeur au Centre Dramatique Scout,
forma la première équipe d’apprentissage des Comédiens
Routiers et était le régisseur du « Jeu de Lourdes
». Il fonda le Théâtre Scout d’Indochine.
« En été 1932, traçant par rapport au dernier
camp une diagonale à travers la France, nous allons dans le Pas
de Calais. C’est à Pas-en Artois, où demeure la famille
Blaire, qui nous accueille, aux confins de l’Artois et de la Picardie.
Camp reposant, en pays plat : ce que les habitants appellent « ch’montagne
» est une colline de trois cent mètres au plus. La petite
rivière est très froide, car elle coule sous les arbres,
dans un pays déjà pas bien chaud. Pas mal de pluie aussi,
qui ne nuisait d’ailleurs pas à la joie, même au cours
des excursions en camions. Nous fîmes connaissance avec l’architecture
déjà un peu flamande, que nous retrouverons trois ans plus
tard en Belgique. Nous traversons Doullens, Arras, Amiens. Nous allons
à la mer : Berck, triste avec ses enfants allongés, et Paris-Plage,
qui connaissait une grande vogue à l’époque, et où
l’on pouvait à peine poser les pieds sur le sable, tant y
étaient nombreux les gens couchés au soleil. »
Marcel Catusse, monté à la troupe cette année là
aux Rouge-Gorges, avec Robert Guillot comme CP (R. Obéron est premier
CP), est impressionné par les baigneuses “ en pyjama ”,
large pantalon très ample, et large capeline. A l’époque
il était très mal vu d’être bronzé, cela
faisait vulgaire !
(…) Le point culminant de l’intérêt fut la visite
des champs de bataille du Nord, surtout deux hauts lieux de la région
: l’ossuaire de Lorrette, surmonté d’un phare, et les
tranchées de Vimy (c’est là que, rencontrant l’évêque
d’Ajaccio, un louveteau à qui il tendait son anneau à
baiser, lui serra la main à la grande confusion de l’Abbé
Fabre).
Pour la première fois, nous avons mangé au camp, dans une
vraie salle à manger. Plus tard, nous verrons qu’en Belgique,
il y eut des restaurants. Le docteur et madame Blaire, les parents de
nos chefs, nous avaient invité à dîner, et il leur
fallut une table d’une longueur vraiment imposante pour y faire
asseoir tout le Groupe (nous étions une cinquantaine).
Quelques jours plus tard, nous les invitions à notre tour, au camp,
à l’occasion de la visite de Monsieur le Curé de Charonne.
Nous campions sur les terres d’un brasseur, qui avait offert de
la bière pour la circonstance, et la table d’honneur était
dressée sur des tonneaux. Le repas préparé par les
cheftaines, était servi par les CP en tablier blanc avec la serviette
sur le bras, tout à fait dans les règles.
En rentrant de ce camp, Raoul Serène nous quitta pour faire son
service militaire dans la marine, en Indochine.
En 1932 et 1933, les mêmes chefs restaient à la tête
des unités : Jean Blaire à la Troupe et Georgette Odoul
à la Meute. Ils avaient comme assistants Roger Odoul, CP des Ramiers
qui quitta sa patrouille pour la scoutmaîtrise après le camp
et Blanche Chevalier.
1933
Léon Catusse décrit le grand camp de cette année
1933, et son récit révèle des détails sur
le mode de vie scoute de l’époque :
“ 1933 fut marqué par un camp riche en évènements.
Raoul Serène nous avait tant parlé de sa Provence que nous
avons décidé d’y aller camper.
Nous arrivâmes donc à Sanary, près de Toulon, où
le mistral nous attendait. Il fallait maintenir les toiles avec de grosses
pierres au grand dommage des têtes des dormeurs agités. Monsieur
l’Abbé Fabre avait cru astucieux de poser sur les bords de
sa tente les pieds de son lit de camp (ses reins lui interdisait absolument
de dormir à terre), croyant obtenir une fixation. L’Aumônier
avec sa tente était soulevé par le vent, il dû chercher
asile en pleine nuit dans une tente de patrouille. Avec le vent, le soleil.
Les intendants achetaient le talc par livres pour saupoudrer les épaules
des imprudents qui, dès les premiers jours, s’étaient
contentés d’un maillot de corps comme tenue de camp.
De tous mes camps c’est le seul d’ou la pluie ait été
absente, mais, hélas ! le feu en profita. Cela commença
par la bergerie de la propriété de nos hôtes. L’incendie
déclaré par une cause non définie (…) en peu
de temps il ne restait plus rien de la bergerie en bois. Comme nous étions
en haut d’une colline, il n’y avait qu’un puits très
profond, d’où l’eau était tirée par une
noria, sorte de chaîne à godets mue par un cheval, et cela
ne débitait pas beaucoup. Nous avons essayé de sortir les
moutons, mais, dès qu’on en lâchait un à quelque
distance, il retournait dans le feu : environ quatre-vingts sur cent vingt
furent brûlés. Puis, dans la dernière semaine du camp,
nous eûmes un spectacle semblable à celui qui vient de se
dérouler dans les landes. Une immense forêt de pins brûlait,
et le vent qui poussait l’incendie (vers la mer heureusement) portait
les gaz échauffés et les escarbilles parfois à plusieurs
kilomètres, où un nouveau foyer s’allumait. Ne sachant
pas à quelle distance se trouvait l’incendie masqué
par les collines, les routiers et la patrouille aînée ont
veillé toute une nuit, pour surveiller la marche du feu, dans la
crainte qu’il ne gagne la colline où nous campions. ”
- Marcel Catusse se souvient que l’abbé Fabre fut ensuite
à l’affût du moindre morceau de verre ou boite de conserve
susceptibles de mettre le feu... - “ A côté de ces
souvenirs tragiques nous avons gardé ceux d’excursions splendides.
En trois jours, nous avons parcouru toute la Côte d’Azur,
jusqu’à la frontière italienne, puis nous sommes revenus
par l’intérieur de l’Esterel. A l’arsenal de
Toulon, nous avons pu visiter le croiseur Foch, et admirer toute l’escadre
de la Méditerranée, réunie à ce moment dans
la rade. Nous avons vu toutes les villes de la côte, célèbres
stations de villégiature. Les garçons ont été
vivement frappés par une végétation nouvelle pour
eux : palmiers et plantes exotiques, dans les rues et les jardins. Au
retour, nous sommes passés à travers les gorges du massif
de l’Esterel et les champs de fleurs de Grasse.
A la fin du camp, deux d’entre nous partaient représenter
le Groupe au Jamboree de Godollo en Hongrie, et Jean Blaire nous faisaient
ses adieux pour entrer au séminaire. Il fut remplacé, en
octobre, par Roger Odoul, le premier chef sorti de la troupe, alors que
ses prédécesseurs venaient tous de la 25ème Paris.
”
Marcel Catusse ajoute à ces souvenirs que les routiers (André
Schlesser, qui fut « Comédien Routier », Denis Gaume,
Léon Catusse, Max Ménager), s’étaient chargés
de l’intendance, et qu’à la porte de l’église
de Sanary était affichée “ les personnes du sexe sont
priées de ne pas entrer dans l’église en pyjama ”.
Grand bond.
De 1934 à 1944
Après les années de mise en place
du Groupe, s’ouvre la période dynamique et enthousiaste qui
correspond au développement général du scoutisme.
Chaque jour est une invention, à Paris comme aux camps, mais le
cadre est maintenant bien défini et l’organisation bien au
point.
Le mythe de la Chevalerie, mêlé d’un peu d’indianisme,
est favorable à une spiritualité qui n’est pas contestée
dans notre paroisse. Servir son prochain… A Saint Germain de Charonne
on est en terrain de mission : sur la « zone » des fortifications
et même sur une partie du 20ème arrondissement à la
sociologie populaire.
En tous cas on vit un scoutisme généreux, de qualité
et de fêtes, avec des chefs plein de talents : Roger et Georgette
Odoul, Jean Aine, Marie Louise Dietrich, André Schlesser, Léon
et Marcel Catusse, Georges Chrétien ...
Avec des années parfois moins brillantes, le Groupe arrive toutefois
en pleine forme en 1939 comme en témoigne la richesse des effectifs
à cette date.
C’est malheureusement une période de drame aussi, les accidents
mortels de Paul Chrétien et du Père Yves Le Lorrain, la
maladie fatale de Joseph Cordeiro… et la guerre !
Frappé dans son essor, le Groupe marche vaille que vaille de 1939
à fin 1940, en attendant des jours meilleurs.
Les aînés sont dispersés et le Groupe vit la clandestinité,
devenant un temps « Oeuvre Sociale Saint François d’Assise
».
Mais assez vite, de jeunes chefs (Jean Guelf, Paul Dufourcq, René
Piessès, Odile de Lussigny, Jean Jacques Albe…), relèvent
les anciens en captivité. les activités reprennent, les
camps ont lieu, sauf en 1940 semble-t-il. Louis Hacquin encadre les routiers
du District, puis le District lui-même.
Finalement à la Libération le Groupe est toujours là,
prêt à un nouveau développement.
1934
Léon Catusse :
“ Pour la seconde fois 1934 nous amène dans les Alpes. Au
lieu des pics du briançonnais c’est le lac d’Annecy
qui nous accueille »
(Marcel Catusse se souvient que la traversée d’Annecy à
Menthon s’est faite en bateau à aubes),
« (…) C’est en effet au château de Menthon que
nous campons. De nombreux scouts nous y ont déjà précédé,
où le livre d’or que la Comtesse présente aux Chefs
porte les signatures du Chanoine Cornette et du Général
de Salins.
Au château, vrai nid d’aigle semblable un peu aux burgs allemands,
on montre la fenêtre par laquelle Bernard de Menthon (Saint Bernard)
sauta sur les rochers pour fuir sa famille qui voulait le marier, et s’engager
au service de Dieu.
La propriété à flanc de montagne, est dominée
par une haute muraille rocheuse, les dents de Lanfon, qui se dresse face
au soleil couchant, et prend tous les soirs des teintes merveilleuses,
passant par toutes les gammes de violet.
Devant nous, s’étend le lac, que nous apercevons au dessus
des arbres couvrant la pente, et dans lequel nous allons nous baigner.
Le camp est bordé par un ruisseau et une cascade nous permet des
douches froides tous les matins.
En longeant le lac vers le sud est, on arrive à la Tournette, au
dessus du village de Talloires. Les Chefs et les Routiers en ont fait
l’ascension, un soir, couchant à mi-hauteur, pour arriver
au sommet le matin avant le lever du soleil. Et c’est un spectacle
féerique qui nous a été offert aux environs de 3000
mètres d’altitude : le soleil éclairant peu à
peu les pics plus ou moins neigeux et jaillissant enfin de l’autre
côté des Alpes.
Nous voilà partis pour le Grand Saint Bernard. Nous arrêtant
à Chamonix, nous escaladons le Mont Blanc jusqu’à
la gare du funiculaire de Montenvers, et redescendant à travers
la mer de glace. Puis (…) nous arrivons au col du Grand Saint Bernard,
où nous recevons l’hospitalité des Pères, à
l’hospice, après avoir fait connaissance avec les célèbres
chiens d’avalanche. -suivent des considérations touristiques
non reprises ici-.
Pendant que la troupe était en Savoie, la
meute visitait l’Auvergne, aux environs de Saint Flour. (…)
».
1935
“ Au cours de l’année 1935, il n’y a pas de changement
notable dans la troupe et sa Scoutmaîtrise. Mais, à la meute,
Georgette Odoul nous quitte pour le louvetisme du district, et Blanche
Chevalier pour la 84ème Paris. La meute passe donc entre les mains
de Marie Louise Dietrich, avec Georgette Mousseau, déjà
assistante de Georgette Odoul . (Georgette Mousseau se mariera avec Louis
Tillet, et de 3 !).
Le camp, dirigé par Roger Odoul, nous appelle cette année
en Belgique. Le débarquement à Ougrée, près
de Liège revêt une allure solennelle : la troupe d’Ougree
nous attend sur le terrain de camp et accueille au cri de “ Vive
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